LE VISITEUR
L’homme à la porte avait l’air étrange. Mon cœur s’accéléra comme s’il voulait me dire de fuir tout suite. Pourtant je restais immobile. Personne ne parla. Le silence était lourd. Une voix rauque dit « Bonsoir Nicole ». Comment savait-il mon prénom ? Je ne reconnaissais pas cet homme inconnu. « Tu es toujours belle ». Mon Dieu ! Il me tutoie et il me connait depuis long temps, il parait, mais je ne me souviens pas de lui. « C’est ma première nuit dehors ». Dehors ? je pensai. Encore j’étais muette. « Tu ne me invites pas à entrer chez toi ? C’était une longue journée et je suis tellement fatigué… ».
J’étais seule chez moi et j’avais si peur… j’étais toujours paralysée à la porte. Mon cœur voulait défier la vitesse du son. Pourquoi est-ce que je ne rappelle pas cet homme ? Qui était-il ? Mon cerveau cessa de fonctionner et m’abandonna au hasard.
Toute de coup, une voix que j’avais déjà oubliée hurla : « Fous le camps ! Fous le camps ou j’appelle la police !». C’est incroyable comment Thor sait toujours quoi faire et quelle voix autoritaire il a… L’homme n’était plus un inconnu. Thor l’a reconnu.
Mon ravisseur était devant mes yeux et seulement Thor réagit. Toutes les autres sont restés endormis. Thor continua à parler cette fois-ci à Nicole. Il lui donna des instructions : Fermes la porte, cherches le pistolet et appelles la police.
Je fermai la porte. Une conversation commença dans ma tête.
C’était l’été de 1982. Je jouait dans le jardin chez moi. J’avais 6 ans. J’étais kidnappée par cet homme qui était devant ma porte. Je me suis échappée grâce à Thor et son autorité et ses instructions précises.
Thor commença à me parler 2 ans après ma captivité. Ensuite Judith vint me relayer. Je ne pouvais plus supporter la réclusion et cet homme qui s’approchait de moi si souvent. Judith était si forte. Elle supporta tout pendant 20 ans. Grâce à elle et à Thor j’ai pu m’échapper.
Je suis allée à la police mais Thor, Judith et moi ne pouvions pas nous mettre d’accord à propos des faits et l’officier qui prenait ma déposition appela un psychiatre et je suis arrivée à l’Hôpital Psychiatrique d’Oslo avec Thor et Judith.
Il n’y avait pas des temps à perdre. Soudain une voix que je ne reconnaissais pas s’est mise à donner des ordres avec une précision militaire. La voix appartenait au « Comandante ». Il a vu que mon ravisseur n’était pas armé. Suivant ses ordres j’ai visé à sa tête et j’ai tiré. Le « Comandante » était si satisfait avec le succès de l’opération. Je pouvais l’entendre rire. L’histoire était finie. La voix de Thor commença à organiser la fuite. Je ne me rappelle rien après.
Je me souviens seulement que j’avais travaillé toute la journée et j’étais très fatiguée. Pour arriver chez moi il était nécessaire de prendre le Métro. Ne voulant pas le faire tout de suite je suis allée dans un café où j’ai bu une tasse de café et un croissant.
Après y avoir passé un demi-heure je suis montée dans le train pour faire le voyage à Neuilly-sur-Seine, une banlieue de Paris où je demeure depuis deux ans.
Mon appartement était dans une rue étroite et sombre. J’y demeurais seule. Cette nuit là j’avais préparé mon petit repas et j’ai commencé à regarder la télévision. Tout à coup j’ai entendu frapper à la porte. Qui frappe ?
EPILOGUE
Le lendemain des événements, la presse à sensations publiait la photo du corps au dessus du titre
ASSASINAT PASSIONEL A NEUILLY-SUR-SEINE
Le cadavre d’un homme de 60 ans était trouvé devant la porte d’un appartement à Neuilly-sur-Seine. La police n’a que des pistes faibles. On sait seulement que l’habitation était louée au nom d’une femme mais que la manière de faire était typiquement masculine. Les spécialistes retrouvent les empreintes digitales pour continuer les investigations…